C’est une première à Genève ! La toute première communauté d’auto-consommateurs photovoltaïque pour des logements va prochainement voir le jour à Chêne-Bougeries, comme s’en réjouit d’ores et déjà Jean Locher, conseiller administratif, délégué aux bâtiments et travaux. Constituée dans le cadre de l'immeuble de la coopérative d’habitation, CODHA, en construction à la rue Jean-Jacques Rigaud, elle sera officiellement lancée cet été, au moment où les 49 ménages et les 4 locaux d'activités s’installeront dans leur nouveau bâtiment.

Mais en quoi consiste concrètement une telle association?

Une communauté d’auto-consommateurs est un regroupement de producteurs/consommateurs électriques d’un bâtiment, dans un but de maximisation du taux d’autoconsommation photovoltaïque. Les ménages utilisent ainsi l’électricité produite par leurs installations solaires; lorsque la production n’est pas suffisante pour leur usage courant, ils achètent le complément aux Services industriels de Genève (SIG). A l’inverse, lorsque leur production est plus importante que leur consommation, l’excédent est alors vendu aux SIG.

Les locataires faisant partie d’une telle communauté disposent toutefois toujours d’un compteur électrique qui leur est propre et paient exactement ce qu’ils ont consommé. « Avec ce système, il s’agit également de faire changer les habitudes d’usage électrique, souligne Guillaume Käser, vice-président de la Coopérative de l’habitat associatif (CODHA), en charge du projet Rigaud. La nuit, les panneaux ne produisent pas d’énergie. Les habitants doivent donc s’habituer à consommer la journée, par exemple en ne faisant pas fonctionner leur machine à laver le linge le soir. »

Nombreux avantages

Si ce système demande notamment quelques ajustements de consommation, il offre en retour un certain nombre d’atouts. « Le premier avantage est financier, indique le vice-président de la CODHA. C’est la communauté qui fixe directement le prix de l’électricité. L’énergie solaire est ainsi moins chère que celle achetée directement aux SIG. » La communauté du projet Rigaud devrait réaliser également un bénéfice d’environ 20'000 francs chaque année grâce à la vente d’électricité, une somme qui pourra alors être déduite des charges des locataires.

En outre, l’autoconsommation engendre également des bénéfices écologiques, puisqu’elle permet de créer une énergie renouvelable ultra locale épargnée par les pertes liées au transport. Il existe ainsi un lien direct entre la production et la consommation d’énergie qui soulage la surcharge du réseau électrique.

Système prometteur

Chêne-Bougeries est la première commune genevoise à accueillir ce type de regroupement pour des logements. Cette nouveauté s’explique par la récente modification de la loi fédérale sur l’énergie. Auparavant, les ménages disposant d’installations photovoltaïques devaient obligatoirement vendre aux SIG l’énergie produite par leurs installations, pour ensuite en racheter à la même société pour leur propre usage. Depuis une année maintenant, suite à ce changement de législation, les ménages peuvent désormais consommer l’électricité produite par leurs propres panneaux solaires.

Si cette nouvelle forme d’autoconsommation est de plus en plus encouragée par la Confédération, elle a nécessité quelques ajustements. « Il s’agit d’un système très intéressant, reconnaît Guillaume Käser. Mais comme il est nouveau, il a nécessité un important travail de mise en place avec les SIG. Il a alors fallu changer les habitudes, ce qui demande toujours un peu de temps. »

Pour ce qui concerne les locataires, ceux-ci semblent avoir été séduits très rapidement par le principe. Libres de rejoindre la communauté, ils peuvent également la quitter quand bon leur semble. Une liberté d’action qui a convaincu les futurs habitants de la coopérative Rigaud, puisque tous ont déjà annoncé leur intérêt à rejoindre la communauté d’auto-consommateurs. Un engouement qui s’annonce prometteur…

Photo : ©Johannes Marburg